Droit des femmes - Droit de mener une carrière réussie

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La semaine dernière, nous avons exploré les défis auxquels font face les femmes en matière de liberté de mouvement, mettant en évidence les obstacles présents dans de nombreuses régions du monde. Aujourd'hui, nous poursuivons cette réflexion en nous concentrant sur un aspect tout aussi crucial : le droit des femmes à mener une carrière épanouissante. Est-il acceptable que la législation de certains pays restreigne la liberté des femmes sur le marché du travail ? Pourquoi tant de femmes renoncent-elles à leurs propres aspirations professionnelles ? Quels sont les impacts à court, moyen et long terme de ces choix ?

Le travail des femmes a toujours été un pilier de la société, mais leur accès aux opportunités professionnelles et leurs conditions de travail ont souvent été bien en deçà de celles des hommes. Quel héritage avons-nous reçu de nos aînées dans leur lutte pour l'égalité des droits au travail ? Et où en sommes-nous aujourd'hui ? 

Ces questions cruciales méritent toute notre attention.

Un constat qui diffère selon les pays :

La Banque mondiale en 2013 mettait en évidence des avancées significatives en matière d'égalité des sexes dans plusieurs pays. Des réformes ambitieuses ont été entreprises par des nations telles que la Côte d’Ivoire, le Mali, les Philippines et la République slovaque pour améliorer les perspectives économiques des femmes.

Pourtant, malgré ces progrès, des inégalités persistent. Parmi les 143 pays couverts par ce rapport, 15 – dont l'Iran, la Syrie, la Bolivie ou le Gabon – donnent le droit aux hommes de "s'opposer" à ce que leur femme travaille, et à les "empêcher d'accepter un emploi". En Guinée, par exemple, elles doivent saisir les tribunaux pour faire annuler la décision de leur mari de s'opposer, "au nom des intérêts de la famille" à ce qu'elles entrent dans la vie active. En Russie, 456 professions, telles que conducteur de camion agricole, aiguilleur de trains ou plombier, leur sont d'office interdites, indique la Banque mondiale.

Dans vingt-neuf pays, dont l'Arabie saoudite et le Honduras, la loi désigne systématiquement les hommes comme les "chefs de famille", leur conférant un contrôle sur des décisions cruciales telles que le choix du lieu de vie ou l'ouverture d'un compte bancaire.

Malgré ces défis, des progrès sont observés à l'échelle mondiale. Au cours des deux dernières années, 48 changements législatifs dans 44 pays ont renforcé la parité hommes-femmes. En Côte d'Ivoire, depuis 2013, les femmes ont obtenu le droit de travailler sans l'accord de leur mari, illustrant ainsi une avancée significative vers l'égalité des sexes.

Un héritage d'un siècle d’avancées en France : 

En France, les progrès ont été le fruit d'un long cheminement, comme nous le rappelle Michelle Jean Baptiste dans notre épisode de podcast dédié. Retour sur certaines dates clés :

1907 - Les femmes mariées peuvent librement disposer de leur salaire

Léopold Goirand, un homme oublié de l'histoire, élu dans le département des Deux-Sèvres, a joué un rôle crucial dans l'établissement du droit des femmes au travail. En 1894, il propose une loi visant à garantir à la femme mariée la libre disposition des fruits de son travail. Le combat de cet homme pour l’indépendance des femmes est nourri de son expérience de terrain, lui qui a observé de nombreuses situations typiques du système patriarcal, qui faisaient du mari le « maître absolu » des ressources. Malgré des années d'attente et d'obstacles, la loi est finalement promulguée le 13 juillet 1907, après treize ans d'efforts et marque un tournant majeur dans l'histoire de la République en ouvrant la voie à l'égalité des sexes.

1909 - La loi Engerand inaugure le congé maternité

À la fin du XIXème siècle, pour faire face à l’importante mortalité des femmes en couche et des nouveaux-nés - qui font craindre une possible dépopulation du pays - les recherches en gynécologie s’accélèrent. En 1886, le député Albert De Mun propose, en argumentant sur la santé des enfants, d’accorder un congé de quatre semaines pour les travailleuses après l’accouchement. L’article est discuté à de nombreuses reprises dans l’hémicycle, mais finit par ne pas être adopté.

La société évolue et  le député Fernand Engerand dépose une proposition de loi pour qu’un congé maternité facultatif de huit semaines, mais non rémunéré, soit accordé à toutes les femmes. Cette mesure en faveur du droit des femmes au travail est adoptée le 27 novembre 1909. La loi ne comporte qu’un seul article : « La suspension du travail de la femme, pendant huit semaines consécutives, dans la période qui précède et suit l’accouchement, ne peut être une cause de rupture par l’employeur. »

Deux ans plus tard, les institutrices sont les premières à obtenir un congé maternité rémunéré à 100 % du salaire brut, une mesure étendue à l’ensemble des fonctionnaires en 1929, puis en 1970 à l’ensemble des salariées.

1940 - Le régime de Vichy interdit l’emploi des femmes mariées

Cette date marque un pas en arrière dans l’avancée du droit des femmes au travail. En pleine guerre, alors qu’elle commence tout juste à s’émanciper, la femme française doit rentrer au foyer et de nouveau se cantonner à son rôle de mère sous le régime de Vichy. Le 20 juin 1940, le Maréchal Pétain pointe du doigt les femmes les rendant en partie responsables de la défaite de l’armée française face à l’Allemagne : « Trop peu d’enfants, trop peu d’armes, trop peu d’alliés. » Quatre mois plus tard, le gouvernement interdit d’embaucher des femmes mariées dans tous les services de l’Etat et dans les collectivités.

Mais la régression de la condition des femmes ne dure qu’un temps et à la libération, les femmes retrouvent le chemin du travail.

1946 - L’égalité absolue entre les hommes et les femmes inscrit dans la Constitution et le “salaire féminin” disparaît

Dans le Préambule de la Constitution de la IVe République, le gouvernement inscrit pour la première fois que la femme dispose des mêmes droits que les hommes, dans tous les domaines.

Mais si l’inscription de ce principe d’égalité absolue est une victoire, elle n’est pas encore d’une grande efficacité au travail tant que la notion de « salaire féminin » existe. Et oui ! À cette époque, les femmes subissent, du seul fait d’être des femmes, d’un abattement systématique sur leur salaire. Un arrêté de juillet 1946 supprime finalement le « salaire féminin » et doit garantir aux femmes des salaires égaux à ceux des hommes et ce, dans toutes les branches professionnelles. Une avancée essentielle pour le droit des femmes au travail !

1965 - Les femmes peuvent travailler sans l’accord de leur mari et ouvrir un compte bancaire

Dans les années 1960, malgré des décennies de droit de vote et une relative liberté, les femmes mariées en France se trouvent confrontées à une réalité absurde : elles ne peuvent travailler, ouvrir un compte bancaire à leur nom ou même disposer de leurs biens sans l'autorisation de leur mari. À quelques années seulement avant les événements de mai 1968, l'indignation des femmes gronde, clamant que leur situation est intolérable.

Dans une Assemblée presque vide, le 13 juillet 1965, les députés votent la réforme des régimes matrimoniaux, portée par le ministre Jean Foyer, accordant aux femmes leur autonomie financière. Bien que considérée à l'époque comme une petite avancée sociale par les féministes, cette loi transforme réellement la vie des femmes en France.

Désormais, les femmes mariées sont beaucoup plus nombreuses à travailler, à épargner sans avoir à solliciter l'avis de leur conjoint, et elles commencent à revendiquer plus de droits. C'est un tournant dans l'histoire, marquant le début d'un mouvement en faveur de l'égalité des sexes.

1983 - La loi Roudy contre la discrimination à l’embauche et sur les salaires

La loi Roudy de 1983 marque un tournant dans la lutte contre la discrimination au travail. En tant que ministre des Droits de la Femme de 1981 à 1985, Yvette Roudy a joué un rôle crucial dans l'adoption de cette loi emblématique. Elle a inscrit dans le code du Travail le principe de non-discrimination à l'embauche, en formation et sur les salaires entre hommes et femmes. Cette mesure vise à mettre fin aux injustices et inégalités persistantes dans le monde professionnel. Malgré les obstacles rencontrés, cette loi reste un pilier important dans la lutte pour l'égalité des sexes sur le lieu de travail.1986 - La féminisation des noms de métiers est adoptée dans la circulaire du 11 mars

1992 - Le harcèlement sexuel est ajouté au Code du travail

Une autre une avancée majeure dans le droit des femmes au travail est réalisée avec l'ajout du harcèlement sexuel au Code du travail. Malgré une forte participation des femmes sur le marché du travail, de nombreuses d'entre elles continuent à être confrontées à des avances déplacées ou à des agressions sexuelles de la part de leurs collègues masculins. Cette réalité, longtemps ignorée, est finalement reconnue par le Parlement français avec l'adoption d'une loi sur l'abus d'autorité en matière sexuelle. La France devient ainsi le premier pays de la Communauté européenne à se conformer aux recommandations de la Commission européenne en la matière.

Depuis cette loi, aucun salarié ne peut être sanctionné ou licencié pour avoir été victime de harcèlement sexuel ou pour avoir refusé d'y être soumis. Les employeurs sont également tenus responsables de la prévention du harcèlement au sein de leur établissement.

 2006 - La loi du 23 mars pour une égalité salariale entre les femmes et les hommes

Le corpus législatif concernant l’égalité salariale entre les femmes et les hommes est renforcé dans la loi du 23 mars 2006.

Le texte, découpé en quatre volets, impose aux entreprises de réduire les écarts de rémunération selon le genre dans un délai de cinq ans. Aussi, il permet aux femmes de mieux concilier vie professionnelle et vie familiale en renforçant le congé maternité. Enfin, cette loi améliore l’accès des jeunes filles et des femmes à l’apprentissage et à l’offre de formation professionnelle, tout en imposant à chaque organisation une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes dans les conseils d’administration des entreprises publiques.

Aujourd’hui, vers une égalité réelle entre les femmes et les hommes ?

Durant une vie de couple, la carrière des femmes tend souvent à être reléguée au second plan dans de nombreux couples hétérosexuels. De nombreuses femmes se retrouvent encouragées à faire des compromis pour suivre leur conjoint dans ses déplacements professionnels et assument la majeure partie des responsabilités domestiques. Cependant, c'est surtout lorsqu'elles deviennent parents que les défis se font plus pressants. La garde des enfants et les obligations parentales conduisent souvent les femmes à réduire leur activité professionnelle à temps partiel ou à prendre des congés maternels prolongés. Même celles qui continuent de travailler à plein temps peuvent parfois hésiter à accepter des postes à plus haute responsabilité de peur de ne pas pouvoir concilier tous leurs engagements.

Les conséquences de ces choix se font ressentir plus tard, avec des pensions de retraite plus modestes et un patrimoine moindre. Les séparations et divorces peuvent précipiter de nombreuses mères dans la précarité. Les différences de capitalisation et les disparités de revenus se manifestent de manière plus flagrante lors de ces événements. En tant que parent isolé, une femme se retrouve souvent limitée dans ses choix en raison de ses ressources financières disponibles. Le veuvage peut également plonger de nombreuses femmes dans une situation précaire.

Face à des pensions de retraite moins élevées, elles peuvent se sentir contraintes de se blâmer pour avoir fait le "choix" d'une carrière moins gratifiante et moins rémunérée.

En conclusion, il est clair que malgré les progrès réalisés vers une égalité entre les femmes et les hommes, de nombreux défis subsistent. La répartition inégale des responsabilités domestiques et parentales, ainsi que les disparités persistantes sur le marché du travail, continuent de limiter les opportunités et les perspectives des femmes.

Pour suivre Michelle Jean-Baptiste

Retrouvez son livre "Droits des femmes : Passons à l'action avec les hommes !" ici

Association Humains en Action de Michelle Jean Baptiste : https://www.humainsenaction.org/a-propos-humains-en-action

Ecoutez le Podcast complet dans "Les Coulisses de Soft Paris" ici: https://www.softparis.com/fr/content/16-podcast

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